En juin 2022, au moment des journées sans fin dans le Nord, Anne-Marie et Jean Claude ont fait un grand périple à vélo, d’abord le long de la côte balte allemande, puis ils ont rejoint Berlin en train, et sont revenus à vélo sur Rostock par la célèbre véloroute Berlin - Copenhague.
Voici le récit jour à jour de la 2ème partie du parcours : de Berlin à Rostock et la mer Baltique.
Vous retrouverez aussi le récit d'Anne-Marie sur la côte baltique allemande raconté dans le Mag Grand Angle.
Pourquoi avoir enchainé sur l’itinéraire Berlin Rostock après 2 semaines sur la Baltique ? Nous devions retrouver notre voiture et le retour en train sur Lübeck n’était pas si pratique que cela. A bien regarder la carte, on s’aperçoit que Berlin n’est pas très loin, et le train facile de la frontière polonaise jusqu’à Berlin. Quant à la liaison Rostock – Lübeck, elle aussi est facile. Il n’en fallait pas plus pour décider de compléter notre approche de la Baltique par l’itinéraire Berlin – Rostock (partie allemande de la mythique eurovéloroute Berlin - Copenhague), avec bien sûr un petit stop à Berlin.
Globalement, l'itinéraire correspond au séjour Grand Angle de Berlin à Rostock à vélo. Notre avis : cet itinéraire est magnifique, mais vous resterez sur votre faim si vous n’y ajoutez pas un brin de mer Baltique. Alors, faites comme nous, ou bien faites l’itinéraire complet de Berlin à Copenhague.
Zempin - Berlin
Le train n'est qu'à 11h. Matinée plage, il fait déjà grand beau et chaud. Baignade idyllique dans une une mer chaude et étale, avec une plage presque déserte.
Train sans problème jusqu’à Berlin. De la Hauptbahnhof, nous rejoignons facilement notre hôtel par les pistes cyclables.
1er jour de vélo : Berlin – Oranienburg – Zehdenick, 39km
Après 2 ½ jours à Berlin, nous reprenons notre périple en direction de la mer Baltique. Nous prenons le train à la Potsdamer Platz, beaucoup plus facile que la gare principale. Petite demi-heure de train pour Oranienburg, petite ville de province où rien ne se passe… sauf qu’il y avait un camp de concentration. Nous voyons des groupes de scolaires se diriger vers le mémorial.
L'étape commence le long d’un lac ; elle est globalement très belle, intime, charmante et… hyper roulante, avec quelques grandes lignes droites ; c'est une vraie autoroute ! Le paysage alterne entre lumineuses forêts naturelles de chênes et de hêtres, plantations de pins, champs cultivés et haies, roselières. En forêt, les arbres montent très haut ; ils sont assez serrés et leurs troncs restent petits. Nous suivons sur de larges portions le canal de la Havel, aménagé d’écluses laissant passage aux péniches et aux bateaux de tourisme.
La rive est plantée de tilleuls en fleurs qui embaument, bordée de roseaux et de nénuphars ; des milans tournoient dans le ciel ; des bancs émaillent le parcours et invitent à une pause romantique. Zehdenick, notre étape, est une petite ville plutôt populaire et rurale, au cœur d’un entrelacement de rivière et de plans d'eau ; elle offre à sa sortie un petit port touristique, havre de paix pour prendre un verre ou dîner, sous l’œil vigilant des nombreux canards.
2ème jour : Zehdenick – Neustrelitz, 87km
Superbe journée, grand soleil et beau paysage. Nous arrivons fatigués mais pas cassés. Côté piste, la route est toujours aussi nickel jusqu’à Fürstenberg ; ensuite, certaines parties sont un peu moins roulantes avec un peu de dénivelé. Les parties sur route partagées sont vraiment tranquilles.
Côté paysage, toujours pittoresque, dans une atmosphère sereine, avec peu de monde ; l’étape est très boisée : pins, chênes, hêtres mais jamais étouffante ; des champs et des prairies avec des cabanes d’affût en lisière ; toujours les effluves de tilleuls ; quelques villages très paisibles ; notre route est souvent entourée de lacs, mais on ne s’en aperçoit pas toujours (à partir de Fürstenberg, nous sommes sur le Plateau des Lacs Mecklenbourgeois). Un lièvre, des grues cendrées imperturbables, un énorme et très ancien nid de cigognes habité par la cigogne et ses petits.
Côté sites : en quittant Zehdenick, dans la forêt, on traverse le site de l’une des plus grandes briqueteries d’Europe au 19e siècle ; les immenses tours de brique, les rails et les wagonnets ont été conservés et un musée a été aménagé (les Allemands sont excellents pour mettre en valeur des sites industriels, moches au départ !).
Souvent, aujourd’hui, on verra s’élever dans le ciel des immenses tours de briques ; c'est impressionnant. Autre lieu bien plus impressionnant et bouleversant, peu avant Fürstenberg : le camp de concentration de Ravensbrück (pour femmes et enfants). L’entrée du mémorial est à peine plus loin ; on voit passer tout un groupe de jeunes qui en revient. La piste cyclable longe le camp, qu’on aperçoit bien. Dans cette nature idyllique. La photo s’imprime en moi, poignante et définitive.
Neustrelitz, notre étape, contraste avec les villages jusque-là traversés : c'est une petite ville touristique au bord de 2 lacs ; les maisons sont pimpantes, la place est immense est très belle ; nous passons une partie de notre soirée à observer sur le lac les oiseaux au soleil couchant : oies, canards, grèbes, poules d’eau et leurs petits.
3ème jour: Neustrelitz - Waren, 65km
La plus belle étape du circuit. Nous sommes au cœur du Plateau des Lacs. Alternance de passages en forêt, de champs et de prés, toujours dans un environnement d’eau, que nous ne voyons pas toujours, mais qui est prégnant.
La partie de l’itinéraire qui traverse le parc national est absolument magnifique : on se sent loin de tout, juste au cœur de la nature. Dans un pré, un troupeau d’oies sauvages, et juste à côté, une troupe de grues cendrées ; toutes nous ignorent superbement. Un peu plus loin, des biches ; un lièvre nous regarde tranquillement avant de traverser la piste. Le terrain est assez roulant, avec de bonnes petites montées - descentes qui s'enchaînent de façon ludique ; nous ne croisons pas grand’ monde. Ici, les fermes sont énormes et tout en briques, comme la plupart des maisons ; nous traversons des villages où nous avons bien du mal à trouver un bistrot ouvert…
Nous en trouverons un à Ankershagen, où la serveuse est franco-allemande. Elle nous dépeint le lac Mühlensee comme un petit paradis sur terre. Il n’est qu’à 2,7km, mais en arrière… Nous bottons en touche. Amis cyclistes, pensez-y ; il parait que l’eau est chaude !
Quelques passages, moins intéressants, longent des routes plus fréquentées mais s’oublient très vite. L’étape se termine tout en haut du lac Müritz, le plus grand lac intérieur de d’Allemagne, à Waren : ville touristique de villégiature chic avec une grande marina. Le contraste avec le reste de l’étape est encore plus grand qu’hier.
Notre hôtel se situe sur les rives d’un petit lac juste au-dessus, le Tiefwarensee. Baignade idyllique dans une eau chaude et douce, côtoyant cygnes et canards.
4ème jour Waren – Güstrow, 70km
Nous partons de bonne heure pour ne pas souffrir de la chaleur. Aujourd’hui, le paysage ne change pas beaucoup de celui des autres jours : autres forêts, autres prés et champs, autres lacs ; toujours le parfum des tilleuls, des grues cendrées, des hérons, des oies… peu de villages animés et de bistrots ! Et pourtant, aucune lassitude ; nous flottons dans cette atmosphère « en marge ».
Au lac Krakower See, nous rencontrons un petit groupe de suisses, clients Grand Angle : sympathique et chaleureuse rencontre. L’arrivée par les bords du lac d’Inselsee est surprenante. Une plage est aménagée, il y a un monde fou qui se baigne : nous en faisons autant, un vrai délice. Une fois secs, nous poussons jusqu’à notre hôtel, au bord du lac, un peu avant la ville.
Côté terrain, l’étape est vallonnée et la piste n’est pas toujours roulante en forêt, avec un terrain sablonneux ; quelques pavés. Mais on se rattrape sur les routes où ça file, avec des montées - descentes qui s'enchaînent.
5ème jour : Güstrow – Rostock, 60 km
Nous traversons Güstrow de bon matin ; la ville est assez belle ; son grand château au cœur de la place est tout en travaux, mais recouvert de bâches en trompe-l'œil, comme si c'était la vraie façade du château.
A la sortie de la ville, on rejoint rapidement le canal « Güstrow – Bützow », que nous suivrons… jusqu’à Bützow ! C’est un très beau paysage, serein, typique d’un canal, partiellement recouvert de nénuphars et de lentilles d’eau, bordé de roseaux, d’aulnes et de tilleuls, offrant de larges dégagements sur les prés. La piste et ses plaques de béton sont moyennement roulantes.
De Bützow à Rostock, l’étape ne présente pas grand intérêt, si ce n’est d’être franchement très roulante : on se fait plaisir à pédaler. L’arrivée dans Rostock est très facile. Visite et soirée à Rostock.
Fin de ce périple de Berlin à la mer Baltique ! Demain, nous prendrons le train pour Lübeck. Nous nous inquiétions à cause de la connexion, un peu courte, lors du changement à Bad Kleinen : aucun souci, il n’y a que 2 voies, c’est juste l’autre côté du quai !
Le retour en voiture de Lübeck à Méaudre se fera pour nous un lundi et un mardi : évitez les autoroutes allemandes un lundi, surtout sur de grands axes comme celui que nous avons emprunté (Hambourg – Francfort - Bâle) ; les autoroutes y sont en mauvais état, beaucoup sont en travaux, et la densité de circulation des poids lourds est à la limite du supportable.
Et si vous prolongiez votre voyage à vélo sur la côte Baltique?
Vous souhaitez continuer votre périple une fois arrivé à la mer Baltique? Si ce voyage de Berlin à Rostock ne vous a pas suffit et que vous souhaitez aller jusqu'au Danemark, optez alors pour notre voyage de Berlin à Copenhague. Si vous souhaitez longer la côte allemande, plusieurs possibilités s'offrent à vous: de Lübeck à Stralsund, ou en allant jusquà l'île de Rügen ou Usedom le long de la côte allemande.
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Écrit le 04/03/2023 par :
Anne-Marie Billault