Vous cherchez un peu d’inspiration pour partir quelques jours dans les Dolomites à pied? Giovanna, qui s’est inspirée en partie de notre voyage du Lac de Braies aux Tre Cime de Lavaredo , vous emmène dans ce billet de blog pour 3 jours en randonnée itinérante dans les Dolomites à la découverte de quelques-uns des lieux les plus iconiques de ce massif. Retrouvez la carte de cet itinéraire de trek 3 jours de rando dans les Dolomites en bas de l'article.
Les Dolomites du Lac de Braies aux Tre Cime
Jour 1 : Du Refuge Auronzo à Prato Piazza – 26 km/1330 m D+
Pour ce premier jour, le réveil sonne très tôt, car nous savons que la première étape de notre périple à pied sera très longue. Ce matin, l’efficacité est au rendez-vous : yoga à l’aube, petit déjeuner, rapide brossage des dents, sacs sur les épaules et c’est parti pour aller à la découverte des Dolomites « authentiques et sauvages », qui marque le début de ces 3 jours de randonnée dans les Dolomites.
Quitté le refuge Auronzo où nous avons passé la nuit, nous empruntons tout de suite l’autoroute des Tre Cime (autrement connue comme le chemin 101), pour peu après bifurquer vers la sortie 104, au niveau du refuge Lavaredo (2344 m).
Ce changement de direction marque notre séparation de la foule des touristes venus pour admirer les Tre Cime… et juste ça. Le sentier 104 contourne le Monte Paterno en traversant des immenses pâturages verts où des troupeaux de vaches téméraires nous barrent le chemin.
Passé le royaume des ruminants, nous pénétrons dans la « Marmot Valley », un véritable paradis aux yeux de Giovanna. Ici, de grosses marmottes nutritionnellement prêtes à affronter un rude hiver somnolent paisiblement sur les rochers, avant de s’enfuir en toute vitesse ver les pentes herbeuses à l’approche de quelques rares randonneurs, en faisant preuve d’une agilité inattendue.
Puis, le chemin monte doucement jusqu’au Lac – asséché – de Cengia (2324m), où il se transforme en une succession de virages bien plus raides qui mènent au Pian di Cengia, à 2602 m d’altitude.
De là, nous tournons à droite sur le chemin 101 afin de rejoindre le Refuge Locatelli (2405 m), connu pour son splendide belvédère s’ouvrant sur la face Nord des Tre Cime. Sur sa terrasse, nous retrouvons le fourmillement des touristes armés de perches à selfie et appareils photos, de laquelle nous sommes contents de nous échapper en empruntant le moins parcouru sentier 102.
Très longue descente (2 h 10, 1000 D- !) qui plonge dans le Val Rinbon avec sa forêt de conifères, puis longe le Fiume Rienza, pour ENFIN arriver à Landro (1406 m).
Ici, deux options s’ouvrent à nous : suivre la route vers le sud jusqu’à Carbonin pour ensuite prendre un chemin forestier menant au refuge Prato Piazza (notre destination d’aujourd’hui), ou bien atteindre celui-ci par l’Alta Via des Dolomites 34.
Courageux (ou masochistes) nous choisissons la deuxième variante : malgré les 800 mètres de dénivelé positif, dont la plupart parcourus sur une montée escarpée, nous ne regrettons pas notre décision car l’itinéraire nous réserve différentes surprises : des lacets TRES raides agrémentés de racines piégeuses et des champignons solitaires, la traversée d’une grotte qui se termine sur un passage aérien avec main-courante, et un fort datant de la première guerre mondiale à côté du « Monte Strudel » (Strudelkopf). Tout cela, avec en arrière-plan les Tre Cime, qui nous surveillent de loin et ne cessent de nous encourager.
A Strudel Sattel (2200 m) nous commençons à descendre jusqu’au haut plateau de Prato Piazza, en passant par un alpage peuplé de vaches de toute couleur.
A 17 h 30 – après sept heures et demie de marche effective et plus de 1300 mètres de dénivelé positif, nous voilà enfin arrivés au fleuri à Prato Piazza (1981 m), ou – comme les Sud-Tyroliens l’appellent – Berggasthof Plätzwiese.
Ici, l’accueil de Gerlinde et Philip, les jeunes hôtes de ce refuge à gestion familiale, est très chaleureuse. C’est le réconfort dont nos corps fatigués ont besoin.
En plus d’un dîner abondant et exquis (mention spéciale pour la « torta alla ricotta della nonna »), ils nous offrent des conseils aiguisés pour notre randonnée du lendemain. Les jambes en souffrance mais les cœurs réchauffés, nous rampons enfin vers nos lits et plongeons dans un sommeil d’enfant !
Jour 2 : De Prato Piazza au Refuge Fodara - 17 km/780 m D+
Peu importe à quel point on peut planifier dans les moindres détails une randonnée, l'étape d'aujourd'hui nous a rappelé que, en montagne, l’esprit d’adaptation est essentiel.
Notre programme original prévoyait de rejoindre le refuge Fodara en passant par le Lac de Braies (en allemand, Pragser Wildsee), lieu mythique et incontournable dans les Dolomites.
Heureusement que nos hôtes, en vrai connaisseurs de la région, nous ont aidé à optimiser l’itinéraire en nous expliquant qu'un tel détour aurait ajouté 900 mètres de dénivelé supplémentaires à une journée de marche déjà assez exigeante.
En suivant leurs recommandations, après un petit-déjeuner copieux et de la même qualité que le dîner de la veille, nous prenons l’Alta Via 3 pour rejoindre le Refuge Biella (400 m D+, 4 h de marche).
Le parcours est en effet magnifique. Seuls randonneurs sur le sentier, nous découvrons encore une fois une nature sauvage et colorée : une succession de pâturages avec des vaches capables de grimper jusqu’à 2000 mètres d’altitudes, des marmottes joufflues et paresseuses, ainsi qu'une profusion de campanules, de soldanelles des Alpes et d'Orchis mâles.
Un court passage un peu exposé nous conduit au pied de la Croda Rossa (littéralement « Aiguille rouge »), en éboulement permanent. En effet, quelques minutes après l’avoir dépassée, nous entendons de « gargouillements » de pierres en chute. Comme quoi la montagne peut être imprévisible !
Un peu plus tard, lorsque nous traversons la crête de la Forcella Cocodain (2330 m), le vent se lève et des rafales de 60 km/h nous poussent à accélérer le pas. A notre arrivée au refuge Biella (2327 m), le ciel est désormais complètement couvert et des épais nuages chargés de pluie cachent le sommet de la Croda del Becco, que nous avions initialement prévu de gravir pour profiter d'une vue panoramique sur le Lac de Braies. La météo changeante et notre état de fatigue nous persuadent à abandonner cette entreprise.
Petite pause gourmande avec un délicieux strudel (un gâteau typique de la région du Sud Tyrol), et, ensuite, descente « courbaturée » jusqu’au Fodara Vedla Hütte (1966 m). Ici, des reprises techno de chansons tyroliennes nous annoncent que c’est un jour de fête pour les jeunes de la contrées qui, comme le veut la tradition, se donnent rendez-vous tous les ans, le dernier dimanche d’août, dans les refuges du parc naturel de Fanes-Sennes pour célébrer la fin de l’été avec des bals et des chants arrosés.
Après ce moment de folklore, nous poursuivons la découverte des coutumes du Sud-Tyrol à travers la gastronomie.
Au dîner, le menu propose des « canederli » - des gros gnocchis à base d’épinards, pain, speck et fromage – et un ragoût de cerf. Un véritable plaisir pour nos palais de randonneurs gourmets (et gourmands !).
Jour 3 : De Fodara Vedla au Rifugio Val Parola – 21 km / 970 m D+
A 6 heures, des coups de tonnerre nous réveillent pour cette dernière étape de nos 3 jours de randonnée dans les Dolomites. Les orages que les prévisions météo annonçaient depuis des jours nous ont finalement rattrapé. Au petit déjeuner, nos pensées vont à l’organisation de la journée. Heureusement que nous nous étions préparés à cette éventualité ! Emmitouflés dans nos capes de pluie et nos pantalons imperméables, nous nous apprêtons à affronter les averses.
A contrecœur, nous quittons le chaud et élégant Fodara Hütte pour partir en direction de l’Ücia -refuge, en ladin- Pederü (1548 m).
Arrivés ici, nous voilà encore face à un dilemme : choisir le confort et prendre le bus jusqu’au Pas Valparola, ou défier les aléas de la nature, en terminant notre aventure à pied ? Têtus et orgueilleux, nous optons bien évidemment pour la deuxième alternative.
Inutile de dire que pour cette étape nous n’allons pas nous étaler sur la beauté du paysage : cinq heures de marche quasi ininterrompue sous la pluie battante, pendant lesquelles nous avons traversé d’un pas soutenu le parc naturel de Fanes-Senes-Braies avec ses alpages verdoyants, ruisseaux et petits lacs.
En fin de matinée, tels un mirage, voilà apparaitre la Capanna Alpina, puis le village de Sciaré, d’où nous gagnons, trempés et chancelants, l’arrêt du bus.
L’attente ne dure pas longtemps et, quelques minutes plus tard, nous pouvons enfin nous écrouler dans l’accueillante chambre à laquelle nous conduit Raffaella, la plus jeune représentante de la lignée familiale qui gère le refuge Val Parola (2178 m) depuis des longues décennies. Afin de remplir nos réserves d’énergie épuisées, la nonna nous offre une grappa faite maison qui, toutefois, a sur nous un effet de berceuse. Nous ne découvrirons le charme du paysage qui nous entoure que le lendemain matin, quand le brouillard cédera la place à un petit lac et à une belle vue sur le Monte Lagazuoi
Notre itinérance dans les Dolomites se termine là. Depuis le bus qui nous emmène à Cortina, nous apercevons les cinq doigts de la main rocheuse des Cinque Torri qui nous disent arrivederci.
Vous voulez partir à votre tour 3 jours en randonnée dans les Dolomites ?
Si ce récit vous a inspiré, retrouvez la carte et l’itinéraire de cette boucle de 3 jours de randonnée dans les Dolomites ici :
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Tous nos treks dans les Dolomites
Bonus - l’ascension de la Cima Grande
En tant qu’amateurs de grimpe on ne pouvait pas passer par les Dolomites sans y faire une belle journée d’escalade. Alors avant de commencer nos 3 jours de randonnée dans les Dolomites, nous n’avons pas pu résister à partir à la conquête de la Cima Grande au départ du refuge d’Auronzo.
Ce matin-là, la veille de notre randonnée de 3 jours dans les Dolomites, l’alarme sonne à 5 h 30 et le petit déjeuner nous attend déjà sur la table de notre dortoir. Café, croissant et jus d’orange, puis départ rapide en direction de la Cima Grande di Lavaredo, notre objectif d’aujourd’hui. Ce réveil matinal est dû à une météo qui ne présage rien de bon : en effet, des orages sont annoncés à partir de 15 h. De plus, en partant à l’aube, nous espérons éviter la procession des cordées d’alpinistes venus des quatre coins du monde pour gravir ce sommet de renommée internationale.
Malgré nos efforts, après une marche d’approche d’une quarantaine de minutes (200m D+), au moment d’arriver au pied de la voie normale nous sommes, hélas, déjà les troisièmes dans la file d’attente.
Equipés de cordes, casques et divers types de ferrailles, nous attaquons la première longueur qui nous amène dans une goulotte séparant la formation rocheuse dite la « Pyramide » du corps principal de la Cima Grande. Nous avançons rapidement dans cette cheminée, en cherchant de ne pas nous faire rattraper par les autres alpinistes, dont les voix résonnent quelques mètres plus loin. Au bout de la brèche, Marc, persuadé que la voie tournait à gauche, s’aventure dans un territoire inexploré et finit par couronner le sommet de la Pyramide.
Un court moment d’égarement que les guides derrière nous saisissent au vol pour nous dépasser avec leurs clients. Nous décidons de nous mettre dans leurs roues et de profiter à notre tour de leur expertise afin de mieux nous orienter dans cette étendue de cailloux qui, bien que très fréquentée, manque de repères clairs. Ainsi, nous enchaînons une longueur après l’autre, jusqu’à nous retrouver à faire la queue au pied d’une cheminée où s’est formé un bouchon de grimpeurs.
Dépassé cet embouteillage, la circulation reprend normalement et à 11 h nous avons déjà pris l’incontournable photo de nous au sommet (2999 m), avec quelques autres randonneurs en arrière-plan. Même si nous aurions aimé profiter davantage de cette vue à 360 degrés sur les Dolomites, le moment de répit est bien trop court.
A 11 h 20, nous sommes déjà sur le chemin du retour. La descente, qui emprunte le même itinéraire prévu pour l’ascension, se fait principalement en corde tendue, exception faite pour deux rappels de 60 mètres. En début de l’après-midi, une averse mêlée de grêle et de pluie s'abat sur nos têtes, nous laissant craindre que nous n'atteignions jamais la fin du parcours sans être complètement trempés. Ce n’est qu’à 17 heures que nous parvenons enfin à franchir - « secs et saufs » - la porte du refuge Auronzo, où une bonne douche chaude et un dîner bien mérité nous permettent de recharger nos batteries, avant d’entamer notre randonnée de 3 jours dans les Dolomites.
© Crédits texte et photos : Giovanna & Marc
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Écrit le 30/10/2023 par :
Giovanna Crippa
Assistante cheffe de produit Europe