Sur le Chemin de Compostelle, du Puy en Velay jusqu’à l’Aubrac

Sur le Chemin de Compostelle, du Puy en Velay jusqu’à l’Aubrac

Récits de voyages , Récits de l'équipe

C’est une aventure avec trois amis que j’avais en tête depuis plusieurs mois. Alors quand on a su qu’on pouvait se retrouver début septembre pour la réaliser, on a sauté sur l’occasion. Pourtant, la décision de choisir cette partie du chemin de St Jacques de Compostelle a mis un peu de temps à émerger ; les autres parties du Chemin de Compostelle en France ou en Espagne, ainsi que l’option du Chemin de Stevenson étaient également sur la table.

 

Vidéo Chemin de Compostelle

 

Finalement, après avoir recueilli quelques témoignages et potassé articles et vidéos, on décide de se lancer sur le Chemin de Compostelle au départ du Puy en Velay pour relier l’Aubrac, aussi connu comme le GR65. C’est aussi une des parties les plus fréquentées, et on comprendra vite pourquoi, tant ce fameux Chemin a de ressources, que ce soit pour la diversité de ses paysages, la richesse de son  patrimoine historique ou encore sa gastronomie. Récit…

 

Arrivée au Puy en Velay et visite de ses joyaux architecturaux

Plusieurs kilomètres déjà avant d’arriver au Puy en Velay, de la route en surplomb, on reconnaît tout de suite la ville, avec son fameux Rocher de l’Aiguilhe ou encore la statue de Notre Dame de France. Deux lieux à ne pas manquer, tout comme la non moins célèbre cathédrale. On profite donc de l’après-midi pour visiter ces lieux incontournables.

On commence par la cathédrale, qui en impose tout de suite par son allure massive et ses ruelles pavées aux alentours qui ne manquent pas de charme. Le monument est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et fait partie des monuments préférés des français. Nous aussi sommes subjugués par l’édifice, les coupoles et les fresques à l’intérieur.

Cathédrale-du-Puy-en-Velay
Cathédrale du Puy en Velay © Adrien Ozanon

On en profite ensuite pour aller récupérer notre « crédencial » à l’amicale des pèlerins, un document qui permet d’accéder à certains hébergements mais également qui fera office de souvenir puisque la plupart des commerces, restaurants, hébergements y mettent un petit coup de tampon à chaque passage. Direction ensuite la statue Notre Dame de France, du haut de ses 22,70 m et qui a été construite sur le point culminant de la ville (757 m) en 1860.

Statue Notre Dame de France © Anouk Anglade
Statue Notre Dame de France © Anouk Anglade

Nous finissons par le Rocher et sa chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe, que je trouve le plus impressionnant de tous. Il offre un panorama exceptionnel sur la ville et ses plateaux volcaniques aux alentours… alors, gardez la motivation pour monter ses 82 m et 268 marches ! Le rocher, issu du volcanisme, et isolé au milieu de la ville, semble presque irréel à première vue. Et sa chapelle et les trois oratoires qui la constituent, lorsqu’on lève les yeux et qu’on l’aperçoit perchée au sommet, l’est tout autant !

Rocher et abbaye de Saint Michel Aiguilhe ©AdobeStock - Pernelle voyage
Rocher et abbaye de Saint Michel Aiguilhe © Adobe Stock - Pernelle voyage

Après cette belle visite de ce tryptique classique de la ville, place à un bon repas pour découvrir les spécialités de la région. On passe devant plein de restaurants qui ont l’air sympas dans la vieille ville, mais ils sont malheureusement tous complets ! Nous sommes certes un samedi ensoleillé du mois de septembre (au plus haut de la saison pour faire le chemin de Compostelle du Puy en Velay jusqu’à l’Aubrac), mais nous ne pensions pas voir affiché « complet » sur près de 15 restos… Finalement en rentrant à notre hôtel, on trouve la dernière table de libre au restaurant. Et ça s’est avéré être un excellent choix ! Le jarret de porc, sa mousse de carottes et les fameuses lentilles du Puy ont ravi les papilles de tout le monde. Une petite liqueur de verveine comme digestif parachève ce festin de roi.

Repas typique du Velay et sa verveine © Adrien Ozanon
Repas typique dans le Velay et sa verveine © Adrien Ozanon

 

Jour 1 : Le Puy-en-Velay – St Privat d’allier ; 24 km

Après un bon petit déjeuner copieux à l’hôtel, c’est parti, nous commençons notre petite aventure de pèlerin et nous voilà partis sur le GR65 du Puy jusqu’à Aumont-Aubrac! Au début, on avait hésité à prendre nos tentes pour faire ce voyage, mais le poids supplémentaire et les nuits très fraîches qui étaient annoncées nous ont fait changer d’avis et opter pour les nuits en gîte/auberge. Les premiers kilomètres avec nos sacs à dos déjà bien chargés et la fraîcheur matinale nous ont vite conforté dans notre choix ! Nous sommes vite dans le bain et l’ambiance, dès la sortie de la ville, avec une jolie petite côte. On se trouve rapidement sur un plateau avec un bel horizon en ligne de mire. S’enchaînent de beaux villages tout de pierre ainsi que de nombreuses « fermes-bloc »  ou « maison-bloc », un habitat typique traditionnel où tout était regroupé : l’étable et la partie habitable se trouvaient sous le même toit.

Ferme bloc habitat traditionnel Velay © Adrien Ozanon
Ferme bloc habitat traditionnel Velay © Adrien Ozanon

 

 

On passe également par le Lac de l’Œuf, une curiosité qu’on avait repérée mais dont on ne savait pas trop quoi attendre. C’est tout sauf un lac en tout cas... Il s’agit en fait d’une tourbière, une zone humide riche en sphaignes (un type de mousse) qui capte une certaine quantité d’eau et qui constitue également un excellent puits à carbone. Après une dernière descente, nous voilà arrivés à St Privat d’Allier, un beau petit village qui ne manque pas de charme.

Arrivée à Saint Privat d'Allier © Anouk Anglade
Arrivée à Saint Privat d'Allier © Anouk Anglade

 

Jour 2 : St Privat d’Allier – Saugues ; 21 km

Le matin, en quittant l’auberge, on a failli rester piégés par… Chouky ! C’est le chien des propriétaires qui était surexcité quand il nous a vus dans la cour, et c’était presque tentant de l’emmener avec nous  tellement il avait d’énergie à revendre ! Avant de reprendre le chemin officiel de Compostelle sur le GR65, on décide de passer par le château et l’église qui surplombent le village, et admirer le magnifique point de vue depuis là-haut.

Statue surplombant St privat d'Allier © Anouk Anglade
Statue surplombant St privat d'Allier © Anouk Anglade

Environ 6 km après avoir quitté St Privat d’Allier, on arrive sur une chapelle et l’un des plus beaux points d’intérêt de l’étape : la Chapelle de Rochegude, ou plutôt les ruines qu’il en reste. Construite au 13ème siècle, elle servait à faire le guet et contrôler les voies de passage. Et c’est sûr que, perchée sur son promontoire, avec son point de vue imprenable à 360° sur les gorges et la vallée de l’Allier, difficile de trouver mieux comme endroit !

Point-de-vue-Chapelle-de-Rochegude-©-Adrien-Ozanon
Point de vue Chapelle de Rochegude © Adrien Ozanon

On entame ensuite la longue descente sur le GR65 vers Monistrol d’Allier, un petit village encaissé dans les Gorges de l’Allier à 610 m d’altitude. L’ambiance à notre arrivée a presque des allures de village abandonné : tout est fermé, rues quasiment désertes. L’usine hydroélectrique, reliée au barrage un peu plus en amont qui a presque 100 ans, ne passera pas non plus inaperçue lorsqu’on traverse l’Allier. Tout de suite en sortant du village, c’est parti : on attaque la plus grosse montée de ces 4 jours de marche sur ce GR65 entre le Puy et Aumont Aubrac. 500 à 600 m de dénivelé positif pour rejoindre un plateau vers 1000-1100 m, une altitude en-dessous de laquelle on ne descendra quasiment plus pour les prochains jours. Heureusement, pour nous distraire et nous faire oublier l’effort, la montée est de nouveau ponctuée de superbes points de vue sur l’Allier et ses gorges, vues de l’autre côté cette fois-ci.

Point de vue Monistrol d'allier et ses gorges © Adrien Ozanon
Point de vue Monistrol d'allier et ses gorges © Adrien Ozanon

Une fois arrivés en haut, on apprécie le relief plutôt plat sur plusieurs kilomètres avant la dernière petite descente vers Saugues, où nous passerons la nuit.

 

Jour 3 : Saugues – Les Faux ; 28km

Saugues est un gros village pour la région (1800 habitants) et est considéré comme la « capitale » du Gévaudan. Mais le village est avant tout célèbre pour être le lieu où a sévi la légendaire bête du Gévaudan, à tel point qu’un musée lui a même été consacré.

Saugues et sa légendaire bête du Gévaudan qui veille sur le village © Adrien Ozanon
Saugues et sa légendaire bête du Gévaudan qui veille sur le village © Adrien Ozanon

Quelques kilomètres après notre départ, sous un beau soleil, on ne résiste pas à l’envie gourmande de s’arrêter à la ferme des fromages, une ferme superbement rénovée pour accueillir les pèlerins sur  le chemin de Compostelle, mais également des mariages. Dès qu’on a le menu sous nos yeux, on craque complètement et on ne peut pas s’empêcher de tout goûter: un délicieux quatuor de fromages locaux, un bon verre de lait de la ferme et la coupétade, un dessert typique de Lozère fait à partir… de pain rassis (mais rassurez-vous c’est excellent !). On ne vous cache pas que c’était difficile de repartir après ça !

La Ferme des fromages © Adrien Ozanon
Pause à la Ferme des fromages © Adrien Ozanon

On aborde alors la partie la plus sauvage de ce voyage et ce GR65 sur les hauts plateaux de la Margeride, dont le point culminant à 1326 m. On alterne entre l’immensité des plateaux et les forêts ; on en prend plein les yeux !

Les Hauts Plateaux de l'Aubrac à 1320m ©Adrien Ozanon
Les Hauts Plateaux de la Margeride à 1320m © Adrien Ozanon

On passe devant la ferme du Sauvage, un autre endroit bien connu des pèlerins, car c’est le seul hébergement sur plusieurs kilomètres à la ronde. Pas de chance, il n’y avait plus de place pour nous au moment de notre réservation.

Ferme du Sauvage © Adrien Ozanon
Ferme du Sauvage © Adrien Ozanon

Avant d’arriver aux Faux, on passe devant une autre chapelle qu’on ne peut pas louper, d’autant plus sous les lueurs de la lumière du soir : la Chapelle Saint-Roch.

Chapelle Saint Roch © Adrien Ozanon
Chapelle Saint Roch © Adrien Ozanon

A l’arrivée de cette longue étape, une bonne bière locale s’impose à notre arrivée au gîte !

 

Jour 4 : Les Faux – Aumont Aubrac ; 20 km

Ce matin, quand on quitte le gîte en direction de St Alban de Limagnole, le prochain village, on comprend que la chance qu’on a eue avec la météo jusqu’à maintenant, va tourner. Heureusement, ça ne sera que quelques gouttes pour la matinée. A St Alban, on en profite pour visiter rapidement le château, puis on se remet en route en misant sur un des deux snacks ou restaurants indiqués sur la route, pour la pause déjeuner. Malheureusement, pas de chance, aucun d’entre eux n’est ouvert à midi, mais on trouve quand même refuge dans une petite maison d’accueil pour pèlerins, pour boire un bon chocolat chaud qui nous réchauffe de la pluie. On se motive pour finir au plus vite les huit derniers kilomètres sur ce GR65 qui nous séparent d’Aumont-Aubrac ; on attendra le repas du soir pour se requinquer ! Une fois arrivés à Aumont-Aubrac, après avoir traversé une dernière forêt de pins et être passés à côté de quelques enclos pour taureaux (mais qu’on n’a pas vus), on arrive à la ferme du Barry où nous posons nos sacs à dos une dernière fois. D’après des randonneurs croisés en chemin, la ferme est réputée pour son aligot : vu notre déjeuner du jour, on a doublement hâte de vérifier ça ! Résultat, il n’y a pas à dire, ce plat, si réputé dans l’Aubrac a tenu toutes ses promesses, surtout après une bonne journée de marche ! Une tomme d’Aubrac fondante et âgée de seulement deux jours, mélangée à des pommes de terre et agrémentée de quelques épices, c’est la recette simple du bonheur après vingt kilomètres de marche… surtout accompagnée d’un bon vin et d’une bonne viande : ça ne pouvait pas être mieux pour clôturer ce séjour.

 l'Alligot, spécialité typique et incontournable de l'Aubrac © Anouk Anglade
 l'Aligot, spécialité typique et incontournable de l'Aubrac © Anouk Anglade

On repart de ces quatre jours de marche sur le GR65 entre le Puy et Aumont Aubrac les souvenirs plein la tête ! Une chose est sûre, vous allez, comme nous, en prendre plein les yeux si vous choisissez cette partie du chemin de St Jacques de Compostelle du Puy en Velay jusqu’à l’Aubrac, avec ses paysages allant des plateaux volcaniques aux forêts de pins, en passant par les vastes étendues de l’Aubrac. Mais aussi pour ses villages avec ses maisons en pierre, ses chapelles, châteaux et églises, et sans oublier bien sûr l’accueil et la sympathie de ses habitants, ou encore sa gastronomie à savourer sans modération. Après ces quatre jours courts et intenses sur le Chemin de Compostelle entre le Puy en Velay et Aumont Aubrac, on a qu’une seule hâte : y revenir  l’année prochaine pour continuer notre petit chemin de pèlerin…

 l'Alligot, spécialité typique et incontournable de l'Aubrac © Anouk Anglade
La photo finish à l'arrivée :) © Anouk Aanglade

Vous prévoyez une randonnée sur les traces de St Jacques de Compostelle ?

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Crédit texte © Adrien Ozanon

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