La Bolivie, rien n'est sûr, tout est possible

La Bolivie, rien n'est sûr, tout est possible

Actus Grand Angle

Au cours de ses 7 mois en Amérique latine, Laura Kankaanpaa, assistante cheffe de produit à Grand Angle, nous embarque dans une série d’articles où elle nous raconte ses aventures et périples dans cette partie du continent sud américain. Après sa visite approfondie de la Colombie et son voyage en Equateur, le royaume des volcans, elle nous amène en Bolivie à la découverte de ses montagnes, sa culture et ses habitants...

La Géographie en Bolivie

La Bolivie est généralement connue pour avoir la capitale la plus haute du monde, a près de 4000m. Cette dernière est en fait entre 3600m et 4000m, altitude où se développe la banlieue "El alto ". Cette capitale la Paz est étourdissante, et le plus incroyable est le réseau urbain de télécabines pour relier les différents quartiers de la ville. 

La partie la plus touristique est la partie ouest, avec ses vastes plateaux à haute altitude et les paysages extraordinaires à plus de 4000m d'altitude : c'est ce qu'on appelle l'Altiplano.

Géographie en haute altitude, Bolivie © Guillaume Lorimier
Géographie en haute altitude, Bolivie © Guillaume Lorimier

On y retrouve le plus grand désert de sel du monde à Uyuni. Plus au sud, le Sud Lipez est un désert des plus spectaculaires. Au nord, on retrouve l'incontournable lac Titicaca, berceau de la civilisation inca et partagé avec le Pérou et la superbe Cordillère Royale.  

Le Sud Lipez, région désertique dans la partie andine de la Bolivie © Guillaume Lorimier
Le Sud Lipez, région désertique dans la partie andine de la Bolivie © Guillaume Lorimier

Paradoxalement, la Bolivie est en grande partie composée de la forêt amazonienne mais cette région est moins visitée et nous n'aurons pas eu le temps d'explorer. 

 

La nourriture bolivienne 

La Bolivie n'est pas un pays réputé pour ses spécialités culinaires. Les repas sont souvent composés d'une soupe et d'un plat principal, les desserts sont rares. La Bolivie est un grand producteur de quinoa et souvent les soupes et plats sont à base de cette graine. 

Alimentation bolivienne, variétés de grains, Bolivie © Guillaume Lorimier
Alimentation bolivienne, vente de variétés de grains, Bolivie © Guillaume Lorimier

Comme en Equateur et en Colombie, il y plusieurs centaines de variétés de patates en Bolivie. La spécialité de la Bolivie est la patate déshydratée que l'on peut trouver dans tous les coins de la rue. Le processus de la déshydratation nécessite une température très froide et la Bolivie avec ses hauts plateaux est bien adaptée pour cela. Lors d'un voyage en Bolivie, il ne faut pas s'attendre à arriver dans un pays avec une grande chaleur. Lors de la visite de ce pays aux paysages spectaculaires, on est souvent confronté à l'altitude, où il fait froid, surtout après le coucher du soleil. Les amplitudes thermiques des journées sont ainsi très importantes. 
 

La population en Bolivie

Ce qui frappe en arrivant dans le pays, c'est la forte présence des peuples indigènes dans le pays: ils représentent  60% de la population du pays, c'est le plus fort pourcentage d'Amérique latine. Il y a majoritairement les quechuas, les Aymaras et les Guaranis (ces derniers se trouvent en région amazonienne.)  

Rencontre avec la population bolivienne © Guillaume Lorimier
Rencontre avec la population bolivienne © Guillaume Lorimier

 

Les quechuas et Aymaras ont des croyances communes. En plus du catholicisme importé par les Espagnols, ils respectent la "pachamama", la terre mère (ou mère nature).  

Ainsi, ils peuvent parfois faire des offrandes comme par exemple enterrer un lama dans les fondations de la maison pour porter chance !  

 


 

Les cholitas en Bolivie

Les femmes Aymaras sont appelées cholitas, elles se distinguent par des habits colorés. 

Généralement ces femmes ont une vie de labeur, entre naissances, cuisine, agriculture.  Mais ces femmes se caractérisent également par un très fort caractère, et un groupe a ainsi formé une équipe de 11 cholitas en tenue traditionnelle pour gravir le Huayna Potosí, un 6000m très convoité. 

Le Huayna Potosí gravi par les cholitas, Bolivie © Guillaume Lorimier
Le Huayna Potosí gravi par les cholitas, Bolivie © Guillaume Lorimier

Nous avons eu l'opportunité de rencontrer Ann Liita, qui nous expliqué avoir ensuite gravi le volcan Sajama (6500m), point culminant de la Bolivie, et l'Aconcagua (6900m), point culminant argentin d'Amérique du Sud .  

Elle travaille aujourd'hui comme guide de trekking et se bat pour une plus grande place des femmes en montagne. 

 
 

La gestion de l'altitude en Bolivie

La Bolivie est le premier pays où nous avons dépassé l'altitude de 6000m. L'importance de bien s'acclimater devient donc cruciale. 

A partir de 5000m en altitude, la quantité d'oxygène diminue de moitié, le corps ne peut plus fonctionner de la même manière. 

Au sommet de la Cabeza Del Condor, Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier
Au sommet de la Cabeza Del Condor, Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier

Nous nous sommes rendus compte que les guides et agences de voyages en Amérique du Sud ignorent souvent les effets d'altitude quand ils vendent des ascensions des sommets. Ils ne vont pas demander si le client est bien acclimaté, c'est à chacun de se renseigner sur le sujet. Les guides savent qu'ils peuvent faire un demi-tour si les clients se sentent mal, le plus important pour eux est de gagner leur vie. Nous avons rencontré plusieurs touristes qui ont tenté l'ascension d'un sommet en altitude en rentrant de l'Amazonie, quasiment au niveau de la mer. Souvent, ils n'ont pas réussi à aller au sommet et ont souffert du mal de montagne encore plusieurs jours après l'ascension. 

Suivi de guides randonnant uniquement sur des chemins qu'ils connaissent, Bolivie © Guillaume Lorimier
Suivi de guides randonnant uniquement sur des chemins qu'ils connaissent, Bolivie © Guillaume Lorimier

Chaque fois quand nous avons fait une ascension, nous sommes montés progressivement et avons dormi en altitude. L'idéal, c'est de faire des paliers de 400m par jour. Nous avons également essayé de faire le maximum d'approches du sommet à pied (au lieu de la voiture) pour éviter de monter trop vite. Mais ça n'est pas toujours évident. Au parc national de Sajama par exemple, nous n'avions pas le choix car le départ de l'ascension était 1h30 de voiture depuis le village. Et chaque fois, nous avons pu sentir les conséquences du fait de monter trop vite en altitude (en voiture): mal à la tête ou au ventre.  

Nous avons pu aussi voir les effets de l'altitude pendant notre trek de la traversée de la cordillère royale. Nous avons remarqué que nous ne pouvions pas faire autant de dénivelé et de distance à pied que dans les Alpes à cause de l'altitude. Une étape de 15km et 800m de dénivelé avec les grands sac à dos (7 jours en autonomie) nous occupait toute la journée et nous étions bien fatigués le soir. 

Il ne faut aussi pas oublier l'importance du soleil en altitude: il est indispensable d'utiliser de très bonnes lunettes de soleil, une casquette et une bonne crème solaire car les UV sont beaucoup plus puissants. 

 

Le GPS, peu utilisé par les boliviens  

Même si les boliviens sont très connectés (WhatsApp, Instagram, Facebook,…), nous étions surpris de voir que l'utilisation d'un GPS n'est pas du tout commun dans le pays. Ni les guides ni les conducteurs de taxi utilisent un moyen de navigation. Soit ils connaissent parfaitement leur territoire, soit ils demandent à des personnes autour d'eux où aller. C'était surprenant pour nous car les guides de boliviens de haute montagne sont certifiés de manière internationale (guide UIAM). Des guides de haute montagne de l'Ecole d'Alpinisme de l'ENSA de Chamonix sont venus former les guides boliviens pour qu'ils aient leur propre formateur. Le même processus est en cours pour les guides-accompagnateurs afin qu'ils soient certifiés internationalement avec l' UIMLA. 

Utilisation du GPS lors des trekking, hors des sentiers balisés, Bolivie © Guillaume Lorimier
Utilisation du GPS lors des trekking, hors des sentiers balisés, Bolivie © Guillaume Lorimier

 

Nous avons terminé notre voyage en Bolivie avec un trek de 7 jours en autonomie dans la Cordillère Royale.

Traversée de la Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier
Traversée de la Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier

 

Rencontre avec le guide Daniel à Peñas, Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier
Rencontre avec le guide Daniel à Peñas, Cordillère Royale, Bolivie © Guillaume Lorimier

 

Ce trek nous a permis de découvrir le défi et la beauté de marcher avec un sac bien chargé, hors sentiers et en haute altitude. Nous n'avons pas réussi à trouver beaucoup d'informations sur le trek. Nous avons réalisé comment en France, l'organisation d'un trek est bien plus facile  : il y a beaucoup de sentiers balisés, les ravitaillements et hébergements sont à disposition régulièrement. Grâce aux guides et différents clubs et associations, nous pouvons aussi obtenir régulièrement des informations à jour sur les conditions du terrain. Ce n'est pas le cas en Bolivie. 

Rencontre avec de nombreux lamas dans la Cordillère Royale © Guillaume Lorimier
Rencontre avec de nombreux lamas dans la Cordillère Royale © Guillaume Lorimier

D'un autre côté, il est difficile de trouver un endroit sauvage où l'on est seul, au bord d'un lac turquoise comme nous avons pu en faire l'expérience à plusieurs reprises dans la cordillère royale. 

 
© Crédit texte et photos: Laura Kankaanpaa et Guillaume Lorimier

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