François nous partage ici son magnifique voyage dans le temps et dans l'espace en Crète, une île grecque merveilleuse baignée par la mer Egée et la mer de Libye, et une destination voyage par excellence...
« La Crète, c’est la Corse de la Grèce ! » me déclarait, un jour, un ami botaniste grand connaisseur de l’île. Pourtant, après quatre cents ans d’occupation vénitienne, deux cents ans de joug ottoman et malgré un particularisme historique et culturel affirmé, la Crète est peut-être la plus authentiquement grecque des îles de la république hellénique. A la différence de la Corse, il n’y a pas de revendication nationaliste en Crète. Symbole de cet enracinement national : la figure d’Élefthérios Vénizélos. Natif d’un village près de La Canée, il lutta pour la délivrer l’île du joug ottoman, et obtenir l’indépendance de la Crète après la révolte de 1898, avant de rattacher l’île à la Grèce dont il fut, à plusieurs reprises, le chef du gouvernement.
Mais il nous faut remonter encore plus loin dans le temps. Au commencement… il y a Zeus, qui nait en Crète, soustrait par sa mère Rhéa à la voracité de son père, le Titan Cronos, qui dévore un à un tous ses enfants car il a eu la révélation que l’un d’entre eux le détrônerait. Caché par sa mère dans une grotte du point culminant de l’île (2456 m), le Mont Ida – actuel Mont Psiloritis – Zeus échappe à l’infanticide et connaîtra le destin prestigieux de « père des dieux et des hommes » que nous rapportent Hésiode et la mythologie grecque dont la Crète constitue, en quelque sorte, une pierre angulaire.
Côté espace, la Crète est une île montagneuse qui s’étire sur deux cent soixante kilomètres d’est en ouest sur une soixantaine du nord au sud. Sa taille imposante, la diversité de ses milieux naturels et son éloignement des côtes continentales, a permis le développement d’un endémisme extraordinaire qui en fait le paradis des botanistes européens.
En matière de trekking, la Crète est vraiment une destination à part. Les plus belles randonnées se déroulent dans le sud-ouest de l’île. Elles alternent de longues et superbes étapes en bord de mer et des fabuleux parcours de gorges qui relient la montagne des Lefka Ori (en grec : Λευκά Όρη, littéralement : les blanches montagnes) à la côte, où quelques localités lilliputiennes permettent de faire relâche dans de belles ambiances de bout du monde. Une exception dans ce chapelet : Paleochora.
Au pied d’une forteresse vénitienne ruinée, c’est un village plus important, autour duquel s’organisent les premières balades, en particulier vers l’extrémité occidentale de la côte méridionale crétoise. À l’écart des premières montagnes, Elafonissi offre ses eaux turquoise et son ambiance de lagon aux baigneurs qui s’y pressent en été.
C’est aussi le départ d’une belle randonnée côtière qui met dans l’ambiance du séjour par sa végétation méditerranéenne (Cistes, Genévriers de Phénicie, Euphorbes…), la fuite de chèvres quasi sauvages, à l’approche du randonneur,
et de surprenantes découvertes archéologiques, avec le souvenir d’une cité antique que rappellent quelques fûts de colonnes gisant en bord de mer sur la petite plage de Viena.
A cela, s’ajoutent des édifices dédiés à la religion orthodoxe comme la chapelle Agios Ioannis (Saint Jean) ainsi que des anses et des plages aptes à réconforter le randonneur, pour des pauses rafraîchissantes dans la mer de Lybie. Autant d’éléments que l’on retrouve lors de la quasi-totalité des randonnées côtières, comme celle qui conduit de Paleochora à Sougia. Cette fois, nous sommes au pied des puissants escarpements des Lefka Ori. Les chèvres cherchent leur pitance dans une végétation parfois squelettique et dans les ruines de Lissos,
localité habitée aux périodes grecque, romaine et byzantine. Port actif, cité thermale dont témoigne les ruines et les mosaïques d’un temple dédié à Asclépios, dieu de la médecine, le site profitait de la présence de sources qui lui confère une allure d’oasis sur cette côte que le soleil étreint quotidiennement.
Avant d’évoquer la Crète de l’intérieur, penchons nous encore sur la grande et belle étape côtière qui nous conduit d’Agia Roumeli, au débouché des gorges de Samaria, jusqu’au village de Loutro.
Dédié à l’accueil des touristes, il a su se protéger des outrances architecturales qui défigurent de trop nombreuses stations balnéaires en Méditerranée. Accessible uniquement en bateau et à pied, le village conclue en beauté une longue journée de marche
qui passe par l’humble église dédiée à Saint Paul, construite au Xe siècle sur une plage de sable et galets gris, sur les lieux même où – dit-on – l’apôtre Paul accosta.
Côté montagne, la Crète n’a rien à envier aux beautés des randonnées côtières. La particularité de l’île tient à ses gorges taillées dans la montagne où l’on progresse dans une ambiance plutôt boisée et ombragée, pleine de grandeur et d’enchantement. Une exception dans le programme proposé par Grand Angle : l’ascension du Gigilos qui domine les gorges de Samaria et la côte de près de 2000 mètres dans un environnement montagneux aride et spectaculaire, sous un soleil rayonnant.
Les gorges de Samaria, parlons en justement. Ce sont les plus célèbres de Crète et forcément, elles attirent quotidiennement les randonneurs en nombre, venus en autocar de La Canée. Ils se dépêchent de dévaler les quelques 16 kilomètres du parcours pour attraper un bateau à Agia Rouméli. Pour ce qui nous concerne, laissons passer ce flot de visiteurs ! Nul ferry ne nous emportera au terme de la descente. Une forêt de pins et de cyprès ombrage les premiers kilomètres
avant de se mêler aux platanes en fond de vallée. Animal emblématique de Samaria et de toute la Crète, les agrimis (ou Kri-Kri)
petits bouquetins dont le profil orne un vase d’époque minoenne au musée d’Héraklion
se feront moins farouches lors de la pause dans le village abandonné de Samaria. La suite se passe en suivant le cours d’un torrent généralement à sec, au pied de falaises hautes de trois cent mètres
jusqu’aux célèbres « Portes », un resserrement de moins de trois mètres au pied de murailles spectaculaires. L’arrivée à Agia Rouméli scelle l’union de la montagne et de la mer, promesse de fraîcheur pour les pieds endoloris.
Mais il n’y a pas que Samaria dans le florilège de gorges que Grand Angle propose à la découverte. Prenez l’ambiance de mystère de celles d’Aradena à deux pas de Loutro.
Là, les chèvres se prennent pour des bouquetins en vous toisant sur leurs perchoirs élevés.
Mariage intime entre le végétal et le minéral, les gorges d’Agia Irini se remontent sous une frondaison de platanes, au gré d’un chemin qui offre des vues saisissantes sur un colossal torrent rocheux avant l’arrivée sur les contreforts du plateau d’Omalos.
Voilà quelques-uns des hauts lieux de la randonnée en Crète qui recèle toujours une authentique puissance naturelle alliée à un charme réconfortant lors des étapes, des arrêts en tavernes ou à l’occasion de discussions à bâtons rompus avec des Crétois de rencontre devant l’une des cuisines les plus riches en spécialités de toute la Grèce. Vient le temps du transfert jusqu’à Héraklion non sans avoir exploré les jolies et populaires gorges d’Imbros. Avant de quitter rivages et montagnes de Crète, il ne faut pas rater la visite du site minoen de Cnossos
et, si possible, s’offrir un détour au musée archéologique d’Héraklion, pour une spectaculaire remontée dans le temps devant des objets et des fresques qui ont un air connu tant on les a vus, illustrant nos manuels scolaires d’histoire antique.
Une envie de partir vous aussi à la découverte de la Crète ?
Grand Angle vous propose des randonnées en liberté dont la Crète, voyage au pays des mythes et La Crète, grandiose et secrète. Pour un voyage tout en douceur, préférez notre randonnée guidée avec notre voyage Echappée Crétoise...
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Crédit texte et photos © François Ribard
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Écrit le 06/04/2017 par :
François Ribard