Il est 17h en ce début de mois de janvier, nous nous garons à proximité de la route nationale pour rejoindre le sauvage et authentique refuge d’Esparron, quelques kilomètres plus loin en pleine forêt. Nous voilà partis pour un beau week-end de déconnexion dans le Trièves.
On quitte assez vite la « civilisation » et le bruit des voitures est rapidement derrière nous, même si nous restons sur une piste forestière où l’on croisera quelques 4x4 et forestiers pendant les 2,5km qui nous mèneront au refuge. On finit à la frontale lorsqu’on arrive au refuge nappé d’une petite couche de neige, isolé au milieu de la forêt à 1080m d’altitude.
Le refuge est très grand et spacieux et peut accueillir jusqu’à 29 dans 2 dortoirs séparés, avec tout le nécessaire sur place (couverture, oreillers, matelas).
La pièce à vivre est très grande et dispose de tables, bancs et de fauteuils pour se détendre près du poêle. La cuisine est également équipée d’une gazinière et de tout le matériel nécessaire, et les toilettes sèches se trouvent à l’extérieur proches du refuge. A noter qu’il n’y a ni électricité ni eau courante (mais une fontaine coule en face du refuge).
Les derniers rayons de soleil sont déjà loin derrière nous et le froid nocturne a repris le dessus. On s’empresse donc d’allumer rapidement le poêle pour se réchauffer pendant que d’autres coupent le bois. Le soir on se régale avec une bonne poêlée de ravioles aux champignons avant de faire quelques jeux de société.
Le lendemain matin, nous nous réveillons tranquillement de notre nuit, où nous avons dormi bien emmitouflés sous plusieurs couvertures chacun. Les lève-tôt ont allumé le poêle et nous petit-déjeunons tous ensemble. Nous préparons également notre pique-nique pour ce midi. Car au programme, c’est randonnée jusqu’au sommet du Platary, une randonnée d’environ 9/10km aller retour et 600m de dénivelé.
Nous commençons la balade avec comme première étape l’ermitage d’Esparron, à quelques centaines de mètres du refuge. C’est un lieu paisible et magnifique, chargé d’histoire. Situé en pleine forêt, il est composé de plusieurs bâtisses en pierre.
Son origine remonterait au 13ème siècle. La Vierge Marie y serait apparue à des enfants et des habitants. Un sanctuaire y a ensuite été construit et est devenu un lieu de pèlerinage.
Nous avons été marqués par les récits affichés aux murs des ruines. On y découvre l’histoire poignante de résistants français, réfugiés à Esparron.
À l'automne 1940, l'ermitage d'Esparron était occupé par 200 garçons des Chantiers de la Jeunesse qui se consacraient à l'exploitation forestière et à l'éducation physique. Avant même la dissolution des Chantiers de la Jeunesse en juin 1944, Esparron était déjà un refuge de la Résistance. Le 3 février 1944, à l'aube, les sept cents Allemands, armés de deux automitrailleuses et de mortiers, attaquent et sonnent la fin du camp C11 de l'AS-Vercors. Les Français assiégés (30 jeunes gens dont 10 armés menés par le chef Grange) se replient après avoir perdu l'un des leurs, Charles Yves Bassinet-Dufour, les ayant couvert. Le dispositif d'alerte n'ayant pas fonctionné, les maquisards ont été surpris. Maîtres du terrain, les soldats allemands incendient les bâtiments tandis que Grange conduit ses hommes en direction du mont Aiguille. Marius Desserre est tué.
Le mémorial de la Résistance installé dans la partie haute de ces lieux commémore cet évènement. Trois plaques y sont apposées. Une première en mémoire de Charles Yves Bassinet-Dufour inscrite comme suit: "Ici est tombé, le 4 février 1944, Bassinet-Delfour Charles Yves "Bordeaux" dans la clandestinité agé de 25 ans. Volontaire du maquis, mort en héros pour permettre le repli de ses camarades au cours de l'attaque du camps d'Esparron par les hordes nazies". Une seconde "A la mémore de Michel Fissore, 30 ans, mort pour la France en déportation le 17 novembre 1944 à Mauthausen (Autriche)". Et enfin, une dernière "A la mémore de Marius Desserre, 21 ans, (Berlingot), 4e escadron, 11e cuirassiers mort pour la France le 3 février 1944".
Après la guerre, la chapelle fut transférée dans l'hôtellerie que les Chantiers avaient commencé à reconstruire. Les grands murs des bâtiments incendiés furent abattus. A partir de 1980, le diocèse de Grenoble devenu propriétaire d'une partie du site reconstruit, grâce aux dons des pèlerins et à une foule de travailleurs bénévoles, les bâtiments nécessaires à la reprise des activités spirituelles du pèlerinage.
Aujourd’hui, il reste une salle qui sert de lieu de réception l’été mais le reste de l’ermitage est tombé en ruines ou est en restauration.
Nous poursuivons notre marche jusqu’à la route du col de Menée, entre les petits sentiers et les ruisseaux. A partir de là, nous commençons l’ascension jusqu’au sommet du Platary, dans la forêt pour commencer puis à découvert au dessus de 1300/1400m.
Arrivés au sommet à 1586m, c’est une superbe vue panoramique que l’on a comme récompense : on aperçoit le Mont Aiguille, les crêtes et hauts sommets du Vercors, le Dévoluy, la plaine du Trièves et les plus hauts sommets du Diois. L’endroit idéal pour faire la pause pique nique en somme ! Le retour se fait par le même itinéraire jusqu’au refuge.
Nous n’aurons malheureusement pas d’autres occasions de faire d’explorer plus amplement les alentours faute de temps mais de nombreuses possibilités existent depuis le refuge, notamment la crête de la Grande Leirie ou le Mont Barral. Ces possibilités de randonnées sont possibles à travers notre séjour au refuge d’Esparron sur 4 jours avec un guide, et qui vous amènera également sur la trace des loups.
Initiation au ski de rando à Gresse en Vercors
Une partie de l’équipe a également profité de ce week-end dans le Trièves pour s’initier au ski de rando. Sous la houlette de Laura et Adrien, plus expérimentés, c’est donc à Gresse en Vercors que Giovanna, Oriane et Cassandre ont fait leurs premières conversions. Cette station-village, situé à 1250m dans le Trièves au pied du majestueux Grand Veymont, propose plusieurs itinéraires balisés du niveau facile (150m de dénivelé) au difficile (450/500m de dénivelé). Les conditions en ce début d’année sont plutôt idéales avec une belle neige sèche et froide, une matinée bien fraîche et un beau soleil d’hiver. Malgré les apparences d’un beau paysage hivernal, on remarque bien l’absence de sous-couche et il faudra faire attention à la descente.
Pour la première montée de la journée, nous optons pour l’itinéraire facile, un des 2 itinéraires faciles proposés par la station. La montée se fait un peu à côté de la piste sur les pentes herbeuses, avec quelques conversions faciles, l’idéal pour se mettre en jambes. Le parcours est bien balisé et tracé et il y a même un panneau à fin de la montée qui nous indique la fin et le moment de déchausser. C’est alors qu’on rejoint la piste de ski alpin pour une belle descente au soleil.
Pour la 2ème montée, nous allons sur une partie non exploitée du domaine, dans le secteur des Alleyrons. Un secteur protégé du soleil où la neige est restée bien poudreuse et n’a pas encore transformée. La première partie de se fait avec des conversions en remontant une piste rouge assez raide.
Puis après une légère descente, nous remontons le téléski des Alleyrons, avant de bifurquer vers les crêtes du Mont Brisou. La récompense est au rdv avec une superbe vue panoramique sur le Mont Aiguille et le Dévoluy en arrière plan. La descente est tout aussi bien avec de beaux virages dans la poudreuse.
Une belle journée où l’on a pu s’initier sur une piste facile avant d’aller chercher un coin plus sauvage de la station et une belle vue au sommet.
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Écrit le 03/09/2024 par :
David Praire
Directeur et moniteur de ski nordique