C’est LA question centrale que se pose chaque randonneur la veille ou l’avant-veille, ou même la semaine voire le mois précédent le départ en excursion, selon l’état de stress dudit randonneur.
Grave question… à laquelle je pourrais d’abord répondre en paraphrasant un célèbre sketch de Fernand Raynaud*:
"Ça dépend… si y’ a du vent… si y’ pleut… "
Mais pour aller plus loin, passons en revue le contenu du Vademecum du randonneur, à l’aune de mon expérience d’accompagnateur en montagne, qui est ce qu’elle est, mais peut être utile à ceux qui sont dans le brouillard.
Le viatique nécessaire
S’il y a une base commune à tous les types de treks, il existe une part variable en fonction de la destination choisie. Le but étant de disposer de tout ce dont nous aurons besoin sans nous charger d’affaires qui alourdiraient nos sacs et seraient un fardeau pénible pour nous-mêmes comme pour les transporteurs qui acheminent nos bagages à l’étape. Voyager léger tout en disposant de tout le nécessaire pour que notre trek se déroule dans de bonnes conditions doit être une perspective permanente quand nous préparons nos affaires.
L’équipement du randonneur
Une partie de cet équipement sera gardé à portée de soi dans le sac à dos. Il se compose entre autres de :
- Chaussures
- Chaussettes
- Pantalon et shorts
- T-shirts et chemises
- Polaires et vestes
Au premier rang, bien sûr, figurent les chaussures. Elles doivent être adaptées à la marche que vous allez faire. Les chaussures basses que vous pouvez utiliser dans les îles anglo-normandes sont insuffisantes pour passer la fenêtre d’Arpette dans le tour du mont Blanc Ce n’est pas parce que vous avez été ébloui lors d’un trek au Népal de voir les porteurs en tongs sur les sentiers qu’il faut à tout prix tendre vers le minimalisme. Il existe aujourd’hui suffisamment de modèles sur le marché pour trouver… chaussure à son pied.
Le problème, aujourd’hui, en pleine période d’obsolescence programmée, est que les chaussures vieillissent mal. Facteur d’usure supplémentaire : le mauvais usage. Il faut proscrire l’utilisation de vos chaussures de randonnées d’été pour les randonnées à raquettes en hiver. Leur vieillissement s’accélèrerait d’autant. Par ailleurs, même si vous les utilisez peu dans l’année, sachez qu’après 5 ou 6 ans, les problèmes arrivent. Les colles, surtout, deviennent inopérantes et transforment les soirées au coin du feu, à l’étape, en séances réparation.
Certes, si vous exécrez ce monde du jetable, vous avez toujours le choix pour opter pour les bonnes vieilles « Galibier super guide » mais là, c’est le pied qui se fait à la chaussure et non l’inverse. Bonjour les ampoules ! « Vos bottines vous feront des cloches !», pour parler comme les randonneurs Belges.
Pour le reste de l’équipement, point trop n’en faut. Grâce aux tissus contemporains il ne sert à rien d’apporter un T-shirt par jour. Deux suffisent pour 8 jours de trek. Les vêtements peuvent être lavés à l’hébergement et sécher en deux ou trois heures. Idem pour les chaussettes. Deux à trois paires max dans le bagage à suivre. Cela vous permettra de répondre à la triple règle de base : prévoir le chaud, le froid et la pluie, sans vous charger inutilement.
Prévoir la chaleur
Dans les Cyclades comme dans les Alpes, la chaleur est l’un des ennemis du randonneur. Un bon couvre-chef, une crème solaire efficace, des lunettes de soleil de qualité (indice 4 pour les randonnées sur neige) et de l’eau en quantité suffisante sont vos principaux alliés.
Prévoyez 2 litres d’eau pour une randonnée de 5 à 6 heures et renseignez-vous sur les possibilités de ravitaillement en chemin. Dans les pays chauds, comptez plutôt sur 2 litres pour 3 à 4 heures de marche.
Gourde ? Poche à eau ? Bouteille ? A vous de voir. La poche à eau a l’intérêt de vous permettre une hydratation continue. Certains lui reprochent son goût de « plastique ». Quelques gouttes de jus de citron permettent de pallier cet inconvénient. En Grèce, vous pouvez ne pas vous encombrer d’une gourde. Tout le monde boit de l’eau en bouteilles plastique, infiniment moins chère qu’en France. Enfin, si vous utilisez une gourde à bouchon vissé attention à bien la refermer. J’ai vu plus d’une fois une gourde se vider dans le sac à dos avec les conséquences qu’on imagine !
Prévoir le froid
Tout le monde sait que qu’en montagne le temps change vite. En multipliant les couches vous serez à même de faire face à une brusque dégradation du temps. Dans le fond de sac pour les grandes traversées ou les séjours en montagne, prévoyez : une paire de gants en polaire, un bonnet, un pull en polaire, une veste polaire et une veste type Goretex ou doudoune.
Dans les randonnées méditerranéennes, en septembre, l’allégement est évident. Gardez juste une veste polaire légère et/ou un coupe-vent au cas où.
Prévoir la pluie
Évidemment, il y a débat. Je ne le nie pas. Pour moi, la cape de pluie est un instrument de torture inventé par des industriels qui adorent plonger le randonneur dans une étuve en lui cachant ses pieds. Je hais la cape de pluie et lui préfère… le parapluie associé avec la veste de type Goretex. Attention, pas n’importe quel parapluie ! Pas celui acheté à la va-vite, pour 5 euros sur un marché. Il doit pouvoir résister au vent, en plus de vous abriter. Huit baleines et une résistance au vent digne de confiance. Il y a de plus en plus de parapluies dédiés à la randonnée facilement accessibles sur internet à partir de 30 euros. Maintenant, si vous êtes fan de cape de pluie, c’est toujours mieux que rien.
Sac à dos
Tout votre équipement pour la journée se met dans un sac à dos de taille suffisante. Inutile de prendre un sac de 50 litres si vous randonnez sur les îles grecques. Mais prévoyez tout de même un sac suffisamment grand pour emporter vos effets personnels, l’eau et votre part du pique-nique. Dans les séjours en groupe, il faut tout de même prévoir un sac de taille minimum.
27 à 30 litres sont un minimum en deçà duquel vous devrez compter sur les autres pour porter votre part, ce qui ne sera pas forcément de leur goût ! Lorsque la randonnée prévoit une nuit en refuge de montagne, un sac de 45 litres est un minimum pour pouvoir y glisser votre change, votre drap-sac et votre brosse à dents. Lorsque la randonnée en montagne ne comporte pas de nuit avec portage, un sac de 40 litres suffit. Généralement tous les sacs récents sont munis d’un couvre sac pour protéger vos affaires en cas de pluie. Si ce n’est pas le cas, pensez à en acheter un.
L’affaire est dans le sac
Les essentiels
- Papiers d’identité et tickets de voyage
Attention à bien garder à l’œil ces documents indispensables dont la perte peut entrainer tant de désagréments. Carte d’identité ou passeport, carte bancaire et carte européenne de sécurité sociale seront placés dans une pochette étanche de préférence, et gardés sur vous ou en sûreté à l’hôtel.
Dans certains pays, le recours à l’argent liquide reste très important. Prévoyez de quoi vous offrir quelques boissons et des produits du pays. Sans vider votre compte en banque, ayez toujours un montant minimum en liquide. Cent euros pour une semaine ne me paraissent pas excessifs et peuvent vous mettre à l’abri d’une course dans une pharmacie, l’achat d’un objet chez un artisan, une ou deux entrées de musée, un rapatriement en taxi si vous avez un coup de fatigue, sans oublier les boissons et autres pâtisseries après l’effort. De toute façon, vous remporterez le surplus chez vous.
- Pharmacie
Parler de pharmacie de randonnée ne doit pas vous inciter à apporter l’ensemble de votre pharmacie familiale. Le principe est de prendre quelques unités de chaque soin pour faire face aux éventuels problèmes. Trois comprimés de paracétamol, ou quelques pansements, par exemple, plutôt que les boîtes entières.
N’oubliez pas vos traitements personnels. L’ensemble tiendra facilement dans une petite boîte.
- Couteau
Dans le fond du sac à dos, une petite boîte plastique pourra vous servir pour le pique-nique associé du couteau. Si vous perdez régulièrement vos affaires, optez pour l’Opinel (ou assimilé) qui ne vous laissera pas un grand remords si vous l’oubliez dans un hébergement ou dans la nature.
- Bâtons de randonnée
Sur le blog un article a déjà été consacré aux bâtons de randonnée. Je ne m’y appesantirai pas. Retrouvez notre article sur les bâtons de randonnée ici.
Et rappelons toutefois que les bâtons trois brins sont parfaits pour être glissés au fond du sac de voyage lors des transferts aériens.
- Smartphone et/ou appareil photo
Dans ma carrière d’accompagnateur, j’ai vu de tout en cette matière. Je suis formel : ce n’est pas parce qu’on va apporter son énorme « Ninon » ou « Cakon » blindé de zooms ou d’objectifs que l’on va faire des belles photos.
La photo est un regard. Il faut un sujet + une lumière + un cadrage. Après toutes ces années je me rappelle surtout de deux somptueux montages qui m’ont été renvoyés après coup par des participantes à des randonnées. L’un avait été fait avec un bridge ordinaire, l’autre avec un compact de qualité. S’encombrer d’un matériel technique qui pèse lourd et requiert une attention technique, nécessite d’être un quasi professionnel pour en tirer le maximum au cours d’une randonnée qui n’est pas spécifiquement dédiée à la prise de vue. Il est impossible de prendre beaucoup de temps pour mettre en scène ses images. Il faut tout de même marcher ! Reportez-vous à notre article du blog sur le matériel photo.
- Lampe frontale
Indispensable si vous voulez vous déplacer de façon autonome dans les refuges et au cours de randonnées comme à Madère, où les tunnels se succèdent le long des levadas. Attention, les lampes font partie des objets les plus oubliés dans les hébergements avec les couteaux. J’en suis un grand spécialiste moi-même. Il est à noter que les nouvelles lampes à accus qui se chargent par prise USB apportent un confort indéniable et vous dispensent de prendre un lot de piles de rechange. La lampe que j’utilise, une fois chargée, tient largement deux semaines de randonnée. En cas de panne il vous reste les applications « lampe torche » sur votre smartphone dont vous n’oublierez pas le câble chargeur.
Sac à suivre
Vaste question… Il est normal de vouloir prendre un peu plus que nécessaire lorsque l’on s’inscrit dans une randonnée en étoile avec hébergement dans un seul hôtel. Mais là encore, point trop n’en faut.
Ne profitez pas de la randonnée pour souhaiter relire les mémoires d’outre-tombe ou pour trier votre collection de fers à repasser. Pensez que la personne chargée de porter vos affaires c’est d’abord vous. Si le sac est trop lourd pour vous, supprimez les charges inutiles. Si vous êtes en randonnée itinérante, songez aux transporteurs. Certains d’entre eux – notamment en France – refusent de faire ce travail de chargement des bagages dans le véhicule. Et à froid, le matin, vous risquez le tour de rein si votre sac est trop lourd ! Mais cela ne vous empêche pas d’apporter une ou deux tenues pour les soirées au restaurant. Il existe de petits sèche-cheveux légers et suffisants pour une randonnée.
Lors d’une grande traversée, j’ai eu un randonneur qui ne disposait, pour sac à suivre que d’une valisette dont le poids ne devait pas excéder 6 ou 7 kilos. À chaque étape, il commençait par 15 minutes de lessive et c’était tout. Il disposait de tout ce dont il avait besoin et a suscité l’admiration des autres participants.
Un mot à propos du nécessaire de toilette. Il existe des trousses de toilettes légères pour le voyage, de petites brosses à dent et des tubes de dentifrice de petite taille. Mais vous connaissez déjà cela.
Si vous voulez gagner de la place, il existe des sacs compressibles qui se vident en roulant le sac sur lui-même. Ils permettent un réel gain de place.
Pour finir, n’oubliez pas le petit nécessaire à couture dans le sac à suivre, les boules Quies ou Ear si vous voulez passer de bonnes nuits en refuge, une ficelle longue de deux mètres, deux ou trois pinces à linge, une petite prise multiple pour charger votre smartphone sur la seule prise accessible du refuge, sans provoquer une émeute, et vous voilà prêts pour l’aventure !
*à destination des lecteurs les plus jeunes, Fernand Raynaud était un humoriste des années cinquante et soixante considéré par certains, comme infiniment plus drôle et par d’autres, comme infiniment moins drôle que les humoristes contemporains. Le sketch mentionné s’intitule : « Le fût du canon ».
Crédits texte et photos © François Ribard, accompagnateur Grand Angle
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Écrit le 25/08/2020 par :
François Ribard