Le vélo a cela de merveilleux : il réveille en nous l’enfant intérieur. Vous souvenez-vous de ce sentiment de liberté que vous avez ressenti lors de votre premier coup de pédale sans roulette et sans adulte ? La liberté, la joie et l’excitation des prémices de l’aventure. Nous allons être bien, là, sur le superbe itinéraire de la Loire à vélo. Le soleil, rare cet été, baigne notre première matinée, c’est un merveilleux signe !
Les vélos sont des bijoux techniques, les selles moelleuses (pour l’instant), chacun prend en main sa monture. Nous optimisons le remplissage des sacoches avec l’essentiel pour la journée, car oui, en vélo, inutile de charger son dos, les valises seront transportées chaque jour d’un hôtel à l’autre.
Jour 1 : Amboise - Tours
Après un petit rappel des règles de partage de la route et des codes cyclistes, nous voilà prêts pour l’itinérance, nous allons couvrir 150km entre Amboise et Saumur sur la piste cyclable de la Loire à vélo, pas moins de 7 châteaux majeurs ponctuerons notre parcours au fil du fleuve et de ses affluents.
Kilomètre zéro : le point de vue est « royal ». Le château d’Amboise se dresse devant nous, les étendards au vent, sublime dans la lumière du matin. Quelques montgolfières s’élèvent dans le ciel, pour parfaire le tableau.
D’ailleurs, en parlant de tableau, saviez-vous que La Joconde a été terminé à Amboise ? Des guerres d’Italie, François 1er ne rapporte pas que des victoires, subjugué par l’effervescence artistique qui fait alors vibrer l’Italie, il invite en résidence de nombreux artistes de renom dans son château d’Amboise. Le vent de fraicheur de la Renaissance italienne souffle désormais sur la Touraine et couvre bientôt presque toutes les forteresses médiévales de la région, jusqu’à en faire naitre un nouveau style architectural, celui de la Renaissance française.
Parmi les illustres artistes invités par le roi à Amboise, Léonard de Vinci, avec la Joconde dans ses bagages, s’installe jusqu’à sa mort, au château du Clos Lucé, à deux pas du château royal. Une grande amitié va lier ces deux visionnaires et c’est ainsi que le génie laissera une empreinte indélébile sur la région.
Nous laissons le château et nous atteignons la piste cyclable en bord de Loire. C’est jour de marché sur les quais. Fanfare, poules vivantes, cuisines du monde entier, torréfacteurs, arc-en-ciel de fruits et légumes de la région, c’est un festival des sens. Nous prenons quelques minutes pour faire nos achats pour le déjeuner, avant-goût d’un pique-nique qui promet d’être savoureux.
Quelques gouttes menacent mais pas de souci, nous nous installons sous l’avancée de la grange troglodyte de Jacqueline. Les « Whouaou » fusent, le lieu est accueillant, tables en fer forgé, napperons, exposition de vieux outils viticoles, les vases sont fleuris… Jacqueline habite en face et pour le plaisir elle met à disposition l’avancée de sa vielle grange pour les cyclistes sympas, comme nous. La joie est au rendez-vous.
Nous prenons un peu de hauteur au cœur de l’appellation Montlouis, le vent dans le dos, le panorama sur la Loire en contrebas est superbe. Notre méditation active prend fin au café de Montlouis, les enfants jouent dans la fontaine, Louis, 4 ans, remonte dans la petite remorque sans ses chaussures, ses chaussettes sècheront avant notre arrivée à Tours.
Au pied de la majestueuse cathédrale gothique Saint Gatien, dans le cœur de Tours, notre hôtel de charme nous accueille, les valises sont déjà dans les chambres, jolie surprise !
Jour 2 : Tours – Azay le Rideau
Lundi matin à Tours, le télétravail a gagné une partie de la ville, c’est tant mieux pour les cyclistes, la sortie de la ville n’en est que plus sereine. Nous quittons Tours et la Loire pour l’Indre, un cours d’eau plein de charme qui déroule sous nos yeux des paysages bucoliques jusqu’à Savonnière. Ce village lové dans une courbe de la rivière nous propose une vue de carte postale. La Loire à vélo est un itinéraire vivant, les commerçants savent bien que les cyclistes n’ont pas d’horaires, cafés, restaurants, boulangeries et chalets à gaufres sont ouverts en continu, chaque halte est une surprise et l’accueil chaleureux.
Bientôt, le château de Villandry se dévoile à travers la végétation. Une double rangée de platanes d’une centaine de mètres nous guide jusqu’au château. Le feuillage qui se mêle au-dessus de nos têtes dessine un tunnel végétal parfait, digne d’un film de Tim Burton. Que l’on ait la main verte, ou pas, importe peu lorsque l’on visite les jardins de Villandry. La magie opère, voilà tout. Les jardins de Villandry font partie de ces choses qui nourrissent les sens et apportent instinctivement du bien-être. Digne d’un tableau, les proportions sont parfaites, les couleurs saisissantes, l’harmonie au cœur du sujet et l’on pourrait admirer l’œuvre des jardiniers pendant des heures.
Regonflés à bloc de beauté et l’esprit reposé, nous reprenons la route en direction d’Azay le Rideau. Nous quittons les vallées pour atteindre les plateaux et nous roulons au gré de l’après-midi frais et ensoleillé parmi les champs de tournesol. C’est vers un autre cours d’eau que nous nous dirigeons au gré des villages blancs en pierre de Tuffeau. L’Indre nous accueille de la plus belle des façons : il baigne l’un des joyaux de la région, le château d’Azay le Rideau. Petit par sa taille, il n’en reste pas moins d’une beauté extrême, dans son cadre pittoresque au cœur d’un parc arboré d’essences botaniques rares et parfois multi-centenaires. Un dîner savoureux clôturera cette belle journée.
Jour 3 : Azay le Rideau - Chinon
Cette matinée débute tout en douceur, au gré de l’Indre et des jardins privés qui le bordent. Il y a de la poésie sur cette route. Nous rejoignons la Loire à Bréhémont, classé un des plus beaux villages de France. Impossible de résister à son café dont la terrasse surplombe le fleuve et les gabares en bois d’un autre temps stationnées là. Il fait frais ce matin, un chocolat chaud est bienvenu.
Nous repartons réchauffés, le vent dans le dos. L’expression prend toute sa saveur à vélo, car oui, avec le vent dans le dos, on fuse vers l’avant, sans effort, le sentiment de puissance et de liberté est exaltant.
Sans prévenir, l’itinéraire prend un virage à 90°, face à nous se dresse la silhouette féerique et reconnaissable entre toutes du château d’Ussé. Cela ne vous rappelle rien ? Et si je vous dis : Walt Disney, la Belle au bois dormant ? Ça y est, vous y êtes ? Ce château, par sa beauté, a inspiré Charles Perrault pour l’écriture du conte de la Belle au Bois Dormant. Nous grimpons maintenant l’escalier interminable de la tour d’Aurore, et tout là-haut, nous redécouvrons le récit. Carabosse, le Prince, les fées, tous sont là. Nous arpentons les cachettes du château, traversons le grenier en bois rempli jusqu’au plafond de bric à brac, abracadabra… Notre cœur d’enfant est en joie.
Tout cela a aiguisé notre appétit, après un agréable pique-nique, nous reprenons la route sur une piste ombragée entre Loire et petits étangs. Les grenouilles chantent.
Nous prenons un peu de hauteur, la côte fait monter le cardio, c’est assez rare dans le coin. Il nous faut de nouveau passer d’une vallée à l’autre, nous sommes maintenant en direction de la Vienne. Le faux plat descendant avec le vent qui continue de nous donner un coup de pouce invisible nous permet de profiter avec enthousiasme du paysage agricole qui se déroule devant nous.
Surplombant majestueusement la Vienne et la ville médiévale, la Forteresse Royale de Chinon se dresse fièrement. C’est un épisode majeur de l’Histoire de France qui a eu lieu ici : la première rencontre entre Jeanne D’arc et son bon Dauphin, le futur roi Charles VII. La suite, nous la connaissons, Jeanne d’Arc, forte de ses convictions divines réussira à persuader le roi d’assiéger les anglais à Orléans, scellant ainsi le dénouement de la Guerre de Cent Ans.
Il fait bon vivre à Chinon par un bel après-midi d’été… Terrasse ou beach-volley sur la plage, il y en a pour tous les goûts.
Jour 4 : Chinon - Saumur
Cette fois, c’est la Vienne qui nous accueille sur ses rives, nous sommes toujours sur des pistes cyclables, pas de véhicule, nous pouvons rouler tranquille, seul avec nos pensées ou en discutant avec le voisin. La douceur de la matinée cède rapidement du terrain, nous faisons des pauses pour ôter des couches de vêtements, nous désaltérer. Je parlais cinéma avec Anaïs, ça tombe bien, j’ai un petit sachet de pop-corn à partager avec le groupe. Les sujets de conversation sont aussi riches que les membres du groupe, nous commençons à bien nous connaitre, l’humour et les rires égayent les pauses.
Tadam ! Un pont, une vue à couper le souffle : Bienvenue à Candes Saint Martin, au confluent de la Vienne et de la Loire. Le village a un charme fou : roses trémières, le soleil qui illumine la pierre de Tuffeau, un chat se repose sur un rebord de fenêtre… La magie opère à nouveau.
Nous marquons une pause culture sur le parvis de la collégiale Saint Martin où de jeunes séminaristes nous proposent de faire parler les pierres.
Nous sortons le pique-nique quelques mètres plus loin, les pieds dans la Loire. L’occasion de goûter une spécialité locale, un moelleux aux amandes et à la liqueur d’orange, « l’éclat de Loire » est un succès. Cette bombe de saveur et de sucre nous donnera l’énergie nécessaire pour faire un petit crochet de 12 km afin de découvrir un site mythique : l’Abbaye Royale de Fontevraud.
Une petite route vallonnée nous mène à l’Abbaye, point culminant : 80 m, pas de quoi manquer d’oxygène. Impossible de résister à la magie du lieu, 900 ans d’histoire sont gravés dans la pierre et cela cohabite à merveille avec le pari de la modernité tout en sobriété apportée par les travaux de rénovation et de réhabilitation du site. Il faudrait plusieurs jours pour profiter de ce lieu, mais déjà nous devons repartir pour notre ultime étape : Saumur, où de belles surprises nous attendent. Le vignoble saumurois est accueillant, les raisins mûrissent tranquillement, la saison des vendanges approche à grands pas. À Turquant, les enfants s'émerveillent "regardez la fourmi géante en métal accroché à la falaise !" En effet, ici de nombreux artistes ont investi les vastes caves troglodytes pour en faire des ateliers de création. Nous traversons la rue au ralenti, laissant nos yeux s'arrêter sur les nombreuses créations et curiosités.
À peine plus loin, à Souzay-Champigny, nous entrons dans un tunnel creusé dans la roche. Les vélos roulent dans l'obscurité et la fraîcheur humide, nos yeux s'accommodent doucement, quelques puits de lumière naturelle ponctuent le chemin. Nous sommes dans l’ancienne rue commerçante de Souzay-Champigny, creusée par les villageois au 10ème siècle.
La surprise est belle, la pause rafraîchissante, il est temps de rejoindre Saumur par une agréable piste cyclable au plus près de la Loire. La végétation des rives nous apporte de l'ombre, le vent porte à nous le parfum de la rivière et des plantes aquatiques, nous profitons pleinement de nos derniers kilomètres.
Ce soir c'est un peu la fête avec un dîner en terrasse, enfin une belle soirée d'été ! Les rires ont fusé aux souvenirs des moments cocasses vécus ensemble. Quelques-uns se projettent déjà sur une autre partie de l'itinéraire pour un prochain séjour car, en effet, les vacances à vélo ont cela de merveilleux : elles rechargent les batteries et emplissent le cœur de nature et d'optimisme.
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Crédit texte et photos © Charlotte Laventureux
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Écrit le 04/11/2021 par :
Angle Grand